Allocution de
Monsieur Andrej Plenković
Secrétaire d’État à l’Intégration européenne
auprès du Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration européenne
de la République de Croatie
à l’occasion de la
26e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie
— Montreux, le 21 octobre 2010 —
Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs,
Chers collègues,
Permettez-moi de remercier les autorités suisses pour la chaleur de leur accueil
et l’excellente organisation de cette Conférence ministérielle.
La Croatie est devenue membre observateur de la Francophonie en 2004 et le
Parlement croate a rejoint l’Assemblée parlementaire en 2008. Depuis, la Croatie
s’attache à développer ses liens avec l’ensemble des pays de l’OIF, riche de
sa pluralité. Nous sommes de plus en plus actifs dans la promotion du français
et des valeurs que nous avons en partage.
La Croatie, membre de l’OTAN depuis 2009, se félicite de pouvoir apporter sa
solidaire contribution à la paix au sein de notre famille francophone
: en effet, sur les quinze opérations et missions de paix à travers le monde
auxquelles elle prend une part active, cinq sont déployées sur le territoire
de pays membres de l’OIF (Tchad, Centrafrique, Liban, Chypre et Haïti).
En tant que membre de l’Union pour la Méditerranée — où une majorité de membres
appartient aussi à la Francophonie — la Croatie, pays au carrefour de l’Europe
centrale et de la Méditerranée, souhaite aussi apporter son concours au dialogue
des cultures, dans le respect des valeurs qui sont les nôtres.
En 2006 la Croatie fut le premier pays européen à ratifier la Convention de
l’UNESCO sur la diversité culturelle. C’est dans cet esprit qu’elle ne ménage
pas d’efforts pour renforcer l’emploi et la présence de la langue française
en Croatie, langue ancrée dans notre histoire.
Outre les efforts déployés par le système éducatif croate, la formation au
français s’appuie sur de nombreux dispositifs complémentaires : Institut
français de Zagreb depuis 1922, cinq Alliances françaises, École française,
lycées et sections bilingues franco-croates, Université européenne francophone
d’été, stages linguistiques ou formations à l’ENA. Ce sont encore près de 2 000
diplômes du DELF et
du DALF qui ont
été décernés à la Croatie depuis 2005. De plus, le mois de mars y est devenu
synonyme de la Francophonie puisque les Journées de la Francophonie, qui se
déroulent dans une dizaine de villes, s’étendent désormais sur l’ensemble du
mois.
Alors que nos négociations d’adhésion avec l’Union européenne touchent à leur
fin, je tiens à exprimer ma vive reconnaissance pour l’assistance apportée
par l’OIF et ses membres, notamment la France, la Belgique et le Luxembourg.
Ainsi, dans le cadre du Plan d’accès au français pour les fonctionnaires européens
de l’OIF, ce sont plus de 1400 fonctionnaires croates qui auront été formés
en français entre 2006 et 2012. Depuis 2002, un séminaire diplomatique francophone
consacré à l’intégration européenne, organisé en partenariat avec l’ENA, réunit
chaque année à Dubrovnik de nombreux jeunes diplomates européens. D’ailleurs
j’arrive moi-même de Dubrovnik où j’y inaugurais avant-hier ses travaux.
Ce lien privilégié avec la Francophonie remonte à 2000, lorsque la France,
au Sommet de Zagreb, ouvrit la voie à la perspective européenne de la Croatie
et des pays de la région. Je saisis l’occasion pour saluer nos voisins de Bosnie-Herzégovine
et du Monténégro qui devraient nous rejoindre en tant qu’observateurs. En juillet
dernier, cette optique fut encore renforcée par la signature d’un accord de
partenariat stratégique franco-croate entre les Premiers ministres des deux
pays, Jadranka Kosor et François Fillon. La Croatie s’emploie pour sa part
à ce que le plus grand nombre de ses représentants apprenne et utilise le français.
Et notre adhésion prochaine à l’Union européenne portera à 15, sur 28, le nombre
d’États membres étant à la fois membres de la famille francophone.
Enfin, je salue les efforts déployés par l’OIF et son Secrétaire général en
faveur de la diversité linguistique et de l’emploi du français, notamment dans
les organisations internationales. Au moment où la France s’apprête à prendre
la présidence du G8 et du G20, la Croatie salue le fait que les débats soulevés
au sein de notre organisation, importants pour une bonne gouvernance mondiale,
y rencontrent un écho grandissant.
Pour conclure, en tant que pays des plus latins des Slaves, où jusqu’en 1847
le latin fut langue officielle au Parlement, la Croatie souhaite qu’à l’instar
de la langue d’Ovide et de Cicéron, celle de Rousseau et de Senghor renforce
à l’avenir son statut de lingua franca non seulement entre nos membres,
mais bien au delà.
Je vous remercie.